Anxiété ou dépression ?

Anxiété ou dépression ?

Comment bien les différencier

Publiée le mardi 20 décembre 2022 à 15h38

Anxiété ou dépression ?

Comment savoir vraiment ?

Il est difficile de traiter la question simplement, c'est vrai, tant ces états d'être sont variables et conditionnés par une multitude de facteurs comme l'environnement, l'hérédité, l'histoire personnelle, la situation du moment ou les autres « troubles ». Je vais cependant tenter de le faire, à ma façon. C'est à dire à la manière d'une psychothérapeute et non d'un psychiatre ou d'un neuro-scientifique . Comme on dit, un train peut en cacher un autre et les « symptômes » ou « troubles » peuvent appartenir à l'une ou l'autre de ces 2 grandes façons de manifester son angoisse. L'anxiété peut masquer la dépression, et inversement. Car, pourrait-on dire, être anxieux, c'est déprimant, et se sentir déprimé, c'est angoissant !

Je vais de façon très manichéenne scinder ces deux type de troubles pour que vous puissiez vous y retrouver à coup sûr :

L'anxiété se vit dans le futur

La dépression se fige dans le passé

L'anxiété :

La gamme émotionnelle va de la simple appréhension à la crise de panique. Noter bien que l'appréhension s'est déjà l'inquiétude de quelque chose qui n'est pas encore arrivé, donc dans le futur ! Quant à la crise de panique, elle se manifeste lorsque tout a été mis en œuvre pour tenter de juguler l'angoisse, en vain.

Le trouble anxieux généralisé (TAG) : on parle de troubles anxieux généralisés quand une personne est inquiète à propos de tout et n'importe quoi, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle ; elle est prisonnière de son angoisse.

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) : il y a TOC quand une personne reproduit un geste de manière récurrente et compulsive (elle ne peut pas s'en empêcher, même si elle le souhaite). Elle décharge son angoisse par son acte : vérifier 10 fois si la porte est bien fermée ou se laver les mains tous les quarts d'heure par exemple. Le syndrome Gilles de la Tourette (tics sonores ou moteurs) entre dans la même catégorie.

L'anxiété peut aussi se décharger dans la maniaquerie (qui n'est pas la méticulosité) et le besoin de contrôle (peur de l'avenir)

Sans aller dans la grosse névrose ou la psychose, on peut souffrir d'anxiété et s'en accommoder ( mais jusqu'à quand ?) Cela provoque des tensions musculaires qui font écho aux tensions mentales que provoque l'angoisse. On pourrait dire qu'une personne raide physiquement est plutôt de type anxieux ; ce n'est pas une généralité, mais quand même !

Quelques phrases type attestant qu'une personne est plus vraisemblablement anxieuse :

  • Je suis sûr que tu t'es fait avoir

  • Si ça se trouve, c'est fermé (le resto, la boutique, etc)

  • Il ne va vraiment pas falloir qu'il pleuve

La façon de voir la vie est assez pessimiste et défaitiste. Ce qui est à venir va mal se passer, et donc.... on élabore des scénarios catastrophes. C'est « la théorie du pire ». Il faut tout prévoir, le plus grave de préférence. Comme dirait un de mes oncles « moi je suis ceinture ET bretelles », typique !

A juste dose, l'anxieux, mais pas trop, est une personne prévoyante, organisée à qui l'on peut faire confiance. Rien n'est laissé au hasard, pas de mauvaises surprise (à priori).

La dépression :

Une chose est sûre « pour qu'il y ait dépression, il faut qu'il y ait eu pression » (comme le disait un de mes formateurs). D'ailleurs on dit « tomber en dépression », c'est soudain, la cocotte-minute explose à force de pression accumulée.

Gardons donc à l'esprit que la dépression est l'expression d'une surcharge de pression.... et il y a une multitude de facteurs et de situations qui génèrent un trop plein. Comme un marathonien qui s'écroule physiquement à l'arrivée, il se produit un effondrement psychique, une sorte de black-out. Une personne en période de dépression ne peux plus avancer, ne peux plus se projeter dans le futur. Plus rien n'a d’importance, plus rien ne lui importe et laisse tout aller à vau-l'eau. Plus de projet, plus d'avenir, seul un mur en face qui se rapproche inexorablement. Il n'y a plus que la passé à ressasser, et si possible les mauvais souvenirs, les mauvais choix qui engendrent culpabilité ou honte... et perte de confiance en soi.

En terme de symptômes, les « spécialistes » parlerait des 3 A pour définir l'état dépressif :

  • apathie : perte de motivation pour les choses du quotidien (se lever, faire à manger, par ex.)

  • asthénie : fatigue sans raison particulière et troubles du sommeil qui contribuent à entrer dans le cercle vicieux apathie/asthénie

  • anhédonie : perte du plaisir à faire ce que l'on aimait auparavant (aller au cinéma, voir ses amis, lire, etc)

Sans trop entrer dans la sémantique et couper les cheveux en quatre, vous aurez compris que ce n'est pas la joie !

L'épisode dépressif :

Il est tout à fait normal de traverser un « « épisode dépressif » après certaines épreuve de la vie comme la naissance d'un enfant (chute hormonale et fatigue), la perte d'un travail, un déménagement, un deuil. (trop de pression émotionnelle). Ou aux changements de saison.

Le burn-out :

Une surcharge de travail chronique et l'incapacité à fixer ses limites conduisent à la dépression. Les manifestations du burn-out peuvent être spectaculaires, comme m'en a témoigné un ami « Je suis arrivé au travail, je n'ai pas pu sortir de ma voiture »

La mélancolie :

C'est la dépression version psychose. C'est un état dépressif constant que rien n'enraye. On retrouve cette phase dépressive dans la forme la plus grave de la bipolarité qui peut conduire au suicide.

La dépression comme expression de l'angoisse existentielle :

Winnicott (psychiatre et psychothérapeute anglais du siècle dernier) disait que 80 % de la population a une tendance dépressive. J'adhère ! (comme à presque tout chez Winnicott d'ailleurs)

Nous retrouvons ici ce mot : angoisse. Comme une boucle qui se referme.

La vie est à la fois source de souffrances et de joie. La conscience que nous avons de nous-même et de notre propre finitude, notre quête du sens de la vie sont autant de questions qui provoquent cette angoisse que je dirais « de fond ». La créativité est souvent le sauf-conduit qui fera sortir le « dépressif » de son mal-être, avec malheureusement les addictions comme l’alcool et les autres drogues (c'est beaucoup moins le cas chez les angoissés qui ne supportent pas de perdre le contrôle). Quelques grands créatifs dépressifs :Jim Carrey, Catherine Zeta-Jones, Mel Gibson, Benoit Poelvoorde, Edgar Allan Poe, Ernest Hemingway, Martin Luther King...

Je vais m’arrêter là, consciente de l'incomplétude de mes propos et de tout ce qu'il y aurait à dire encore sur ces manifestations et leurs somatisations ! Ce sera peut être pour une autre fois.

Pour moi, psychothérapeute, l'anxiété et la dépression sont des marqueurs dans la personnalité. Ils orientent ma façon de travailler pour aider une personne à retrouver un équilibre global, avec tous les autres marqueurs. Et s'il est parfois nécessaire, et judicieux, de prescrire des anxiolytiques ou des antidépresseurs pour aider à traverser le plus dur, la psychothérapie œuvrera de manière holistique et permettra de retrouver confiance en soi et joie de vivre.

L'anxieux deviendra méthodique, rigoureux et prévoyant. Quant au dépressif, il saura utiliser sa sensibilité pour créer autour de lui un univers sensible et original. Et comme nous portons tous en nous un peu des deux, tendre vers l'équilibre qui vous convient est tout à fait envisageable !

 

CECILE LE MEUR

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